Pour la quatrième fois depuis 2008, le collège Duruy et l’Institut Rossetti ont organisé en partenariat avec Solidarsport un grand moment de partage pour 65 de leurs élèves. C’était le lundi 12 décembre dernier. Rencontres
«Lorsqu’on est arrivé en fauteuil au cinéma avec une amie, personne n’avait fait attention à nous, ni même semble-t-il remarqué notre handicap… à la fin de la séance, tous les gens se sont rués vers nous pour nous prêter main forte et nous aider à sortir de la salle» Prescillia, raconte et des étoiles éclairent ses yeux lorsqu’elle parle du film «Les Intouchables».
Elle part dans un éclat de rire «C’est absolument génial !».
Puis, marque un temps d’arrêt «Je veux trouver les mots justes» et poursuit «Cela met en lumière le handicap, sans soulever la pitié. Je rêve de rencontrer les deux acteurs, pour leur dire un grand merci. Surtout, François Cluzet… il est magnifique d’authenticité. Grâce à lui, les gens peuvent découvrir que le handicap c’est très dur, mais que l’on peut se marrer, aimer, avoir des enfants, bref vivre comme les autres».
Derrière un discret maquillage son beau regard de jeune femme baigne dans la lumière, puis clignote pour esquiver un furtif rayon de soleil de ce lundi d’hiver.
Il est 11h et nous sommes dans la cour du collège Duruy à Nice.
Pour honorer une tradition lancée en 2008 en partenariat avec Solidarsport, deux classes de 5e de l’établissement proche du Palais des expositions et dix-huit jeunes handicapés de l’Institut Rossetti vivent une matinée de partage sur les thèmes d’un parcours d’adresse en fauteuil, de deux matches de basket et handball, de parties de tennis te table.
C’est la quatrième fois que Prescillia, 19 ans, participe à un tel rendez-vous.
Sur son fauteuil, elle a donné le ton, puis la maturité oblige, s’est mise aujourd’hui légèrement à l’écart «C’est bien que les jeunes valides voient ce que l’on doit vivre. Plus tard ils mesureront que cela n’est pas un jeu».
La soif de s’engager
Demain ?
Prescillia en parle à cœur ouvert «Je vais essayer de travailler dans le secrétariat, en tant qu’agent administratif».
Mais, son souhait le plus fort porte sur un engagement tout personnel «Je veux fonder une association pour faire toucher du doigt aux valides tout ce que nous devons endurer. Au niveau du design des appartements, j’ai des tas d’idées qui pourraient nous rendre l’existence plus agréable».
Elle adresse un appel à tous ceux qui auraient les compétences de la conseiller et l’aider à trouver son chemin dans le labyrinthe des démarches.
Bref, trouver une main tendue, synonyme de «Moteur» pour elle.
Se battre, faire face à l’adversité, Prescillia et tous ses jeunes camarades de l’IEM Rossetti en sont rompus.
Attiré par notre entretien ; Jean-François, 22 ans le 1er janvier, s’approche et cale son fauteuil près de nous à la force de ses bras.
Il enlève les gants qui protègent ses mains du frottement des roues.
Lui aussi a soif de s’investir, de s’engager.
Il rêve également de créer une association «Un club de sarbacane».
Pas pour lui… «Je fais déjà du basket».
Mais pour apporter un «Plus» à Thierry, son ami «C’est le seul loisir qui peut lui être permis».
La solidarité de Prescillia et Jean-François, les deux aînés : une grande règle d’or.
En cette matinée d’hiver, dix-huit jeunes de l’Institut Rossetti sont venus au collège Duruy chercher un peu de chaleur.
Alexis Luiggi, professeur d’éducation physique veille à chaque geste «Sortir de l’Institut spécialisé pour rencontrer des jeunes valides est pour nos élèves un moment extraordinaire, d’une portée très forte. Ils attendent avec impatience cet instant. Il est primordial de le rééditer chaque année».
Françoise Sarracino, APM (Aide Médico Pyschologue) est attentive au moindre détail «D’habitude nos enfants ne peuvent pas échanger et ont tendance à rester entre eux. Là, ils ont un véritable «bain» avec d’autres jeunes valides et apprennent à se frotter à quelque chose d’inhabituel. C’est simple, une fois que cette journée Solidarsport est finie, on sent qu’il s’est passé quelque chose. Cela, se traduit tout simplement par un bonjour, un sourire. C’est énorme.
Cette manifestation casse les barrières. C’est un tremplin, un lien, on le mesure d’une manière très intense lorsque tous les jeunes se retrouvent côte à côte au moment du déjeuner en fin de matinée» .
Pour que ce rendez-vous porte tous ses fruits ; le 16 janvier, cela sera au tour de l’Institut Rossetti de «recevoir» les élèves de 5e du collège Duruy.